Armide
Opéra Comique, 2022
« Few singers are so accomplished in the baroque repertoire as Véronique Gens, so her Armide was highly anticipated by her followers. Her voice presented a slightly wider vibrato than usual, ornates well with the staging overall. The performance grew during the evening, with a limpid pronunciation of Quinault’s alexandrines verses. At the start, as Armide presents herself in a more contained manner, Gens’ voice is dynamically constrained, avoiding sound nuances. The idea is that Armide’s knowledge prevents her from fully exploring her feelings. Alain Blanchot’s costumes make that evident: Armide wears a long dress made out of book pages in many languages that inhibits her movements and even suffocates her—it is a knowledge full of hate. Armide’s journey leads to her freeing herself from this emotional asphyxia and learning how to sing. The confrontation with La Haine (Hate itself) in the third act, and all her singing in the final fifth act, are so well-phrased, precise in pitch and projection, that we clearly see how the character has progressed over the night. One leaves the performance convinced that only a heartbroken person can sing so well. Another special mention goes to Anaïk Morel’s La Haine (Hate). When she enters the stage dressed as knowledge itself—her whole body is covered with book inscriptions in many different alphabets, making it possible to read the hate as source of knowledge—, it is evident that she is going to be a remarkable presence. Morel sings the role with much strength. » Joao Marcos Copertino – OperaWire
« Pour incarner Armide, il faut une tragédienne capable d’insuffler tout le théâtre nécessaire à une musique si portée vers la catastrophe. Qu’on ait jamais confié un tel rôle à Véronique Gens, indispensable protagoniste de la scène baroque actuelle, est une anomalie dorénavant réparée, et comment ! Sans chercher à imiter aucune des grandes artistes qui l’ont précédée dans ce rôle (Palmer, Antonacci, Delunsch, Gauvin ou Arquez tout de même), jouant avec humilité et intelligence de ses moyens actuels qui ne semblent jamais pris en défaut, elle incarne la Syrienne avec un naturel confondant qui fait oublier la frontière entre le parlé et le chanté. Sa science de la déclamation et du style l’éloignent de tout effet qui pourrait paraître facile ou mettant davantage en valeur la cantatrice que l’amante éperdue. Femme douce-amère plus que magicienne, et ce dès son entrée, le spectateur gagne en empathie ce qu’il perd en contraste dans des interprétations où la bête féroce est attendrie par l’amour. » Guillaume Saintagne – Forum Opéra
« Véronique Gens dominated the stage as Armide should; every word was clear; she could manipulate the shape of a phrase with inexhaustible reserves of breath. Crucially, she portrayed our heroine veering between opposite moods without missing a beat, in a way that was completely convincing. Philippe Quinault’s libretto was written in 1686 for the court of Louis XIV, where it was set to music by Lully; the poetry is exquisite and Gens and the other singers did a wonderful job of bringing across its elegance. Anaïk Morel was a powerful figure of Hate; the duo of Florie Valiquette and Apolline Raï-Westphal sparkled as Armide’s rather ditzy confidantes and in their various demonic manifestations. » David Darlin – Bachtrack
« Saluons d’abord la performance de Véronique Gens qui, en sa maturité artistique, aborde la scène après avoir longuement approfondi toutes les facettes du personnage d’Armide, aussi bien dans la version de Lully que dans celle de Gluck, en concert comme au disque. La soprano française met la rondeur d’un timbre devenu plus velouté, l’habileté de l’émission et un legato au style impeccable au service de l’ample phrasé voulu par le compositeur. Du point de vue du jeu scénique, ce sont les versants altiers et désespérés du personnage qui dominent, sanglots compris. En cuissardes noires et tunique d’amazone, cette Armide, prisonnière d’elle-même et de jeux de scène alambiqués, privilégie le registre de la déploration, de l’invective à celui de la sensualité. » Bénédicte Palaux-Simonnet – Crescendo Magazine
« C’est la première fois que Véronique Gens chante cette Armide. Difficile à croire tant la tessiture du rôle, son caractère, sa noble déclamation, tout tombe sans un pli sur les épaules d’une artiste qui met naturellement ses pas dans ceux de la créatrice, Rosalie Levasseur. Si le timbre à peine émacié atténue parfois la puissance de quelque imprécation, l’éveil du sentiment amoureux bouleverse (« Ah ! Si la liberté », en confidence) et plus encore le désespoir de l’abandon, qui conduit à une scène finale en forme d’immolation. » Emmanuel Dupuy – Diapason
« C’était prévisible : après avoir été une grande Alceste à plusieurs reprises, après avoir incarné une fort belle Iphigénie en Tauride, ainsi qu’en Aulide jadis, Véronique Gens poursuit son sans-faute gluckiste avec une superbe Armide, maîtresse du phrasé et toujours émouvante, magicienne amoureuse, tragédienne et humaine, dans une tessiture qui lui convient idéalement et dans un répertoire où elle connaît peu de rivales. Sur ce plan-là, tous les espoirs sont donc comblés par la série de représentations proposées en ce mois de novembre salle Favart. » Laurent Bury – Concertclassic
« Indeed, tonight Véronique Gens gave us a masterclass in how to perform this repertoire. Her soprano is one of the loveliest around, an instrument of great pulchritude, instantly recognizable. And yet, I have to admit that at the start of the evening, the passage of time was apparent with tone that was somewhat dry. Consequently, it seemed that Gens made even more of an effort to fill the text with meaning, to command the stage. As the evening developed, that glorious beauty of yore re-entered the tone, founded on an impeccable legato, clarity of diction, and stylistic awareness. More than this, she completely incarnated her character, giving us an insight into Armide’s journey from strength, to love, to surrender. Sometimes, it was almost imperceptible – her big scene starting with ‘enfin il est en ma puissance’ saw the recitative start with defiance, yet as she moved into the aria, one got an immediate sense of how Armide was transforming as a person, achieved through that legato, beauty of tone, and intelligent pointing of the words. Gens’ ‘Ah! Si la liberté’ was a highlight of the evening, exemplifying those aforementioned qualities that make her singing so satisfying, while she rose to a final scene of captivating power. This was the work of a truly great artist. Anaïk Morel raged enthusiastically as La Haine, spitting out the words in a liquid mezzo and making much of her scene. Granby, Quebec, soprano Florie Valiquette brought her delectably bright and sweet instrument to her music, soaring agreeably over the textures. » Operatraveller.com
« Armide est chantée par la fabuleuse Véronique Gens. Le texte coule dans sa bouche comme une évidence et l’adéquation au personnage est parfaite. Avec ce qu’il faut de noblesse de ton sans paraître hautaine, la pudeur de l’actrice rend toute sa dignité à la magicienne outragée et tourmentée, permettant de justifier les errements d’Armide entre son désir de vengeance et l’assouvissement de sa passion. C’est grâce à une patience minutieuse et attentive que Véronique Gens’impose comme une tragédienne hors pair, sans esbroufe mais pas sans éclat. La Haine d’Anaïk Morel est très adaptée au rôle difficile avec des écarts de tessiture redoutables et la nécessité de dominer un chœur imposant. Elle rend les aspects pernicieux de la personnification des Enfers, avec un rythme musical pris à un galop infernal. » Alain Attyasse – Resmusica
« Véronique Gens qui a enregistré trois disques consacrés aux Tragédiennes Lyriques du répertoire français prend avec l’intégralité de ce rôle d’Armide pour son premier grand rôle de premier plan à l’Opéra Comique. Entre femme et magicienne, elle aborde ce rôle complexe avec sincérité et une expressivité qui laisse à la fois deviner les lignes de force et les faiblesses du personnage. Le cinquième acte qui visualise cet amour qu’elle croit partagé, puis son désespoir sans appel au départ pour de nouvelles aventures guerrières de Renaud, la trouve tragédienne. Elle apparaît tout aussi à l’aise dans le grand duo d’amour avec Renaud que lors des imprécations finales qui laissent les blessures d’Armide à vif et entraînent la destruction de son monde. La tessiture d’Armide n’apparaît pas meurtrière et demeure assez centrale en soi, avec cependant de grandes envolées dramatiques et des sursauts dans l’aigu. Véronique Gens en possède la maîtrise, déployant un instrument vocal qui conserve sa fraîcheur et sa tonicité. La matière du legato, du juste phrasé, de la déclamation sans affect, fondent sa prestation acclamée par le public à l’issue de la représentation. Anaïk Morel met au service du personnage de La Haine toute la détermination de sa voix de mezzo-soprano de grand caractère, puissamment ancrée sur ses bases et assez large. La prestation et la figure sont rendues puissantes et inquiétantes avec son maquillage appuyé proche du tatouage et sa vêture aux larges pans qui enserreront Armide, la momifiant presque (matériellement et symboliquement dans ce même sentiment de haine). Toutes deux avec délices, Florie Valiquette incarne successivement Sidonie, Mélisse ainsi qu’une bergère et Apolline Raï-Westphal, Phénice, Lucinde, Plaisir et une naïade. En suivantes d’Armide -Sidonie et Phénice-, elles apportent toutes deux une note de joie et de félicité au sein du drame. Leurs voix de soprano, souples et lumineuses, plus aérienne pour la première et au timbre un rien plus profond pour la seconde, se marient au mieux. » José Pons – Olyrix
« Ad interpretare Armide è stata chiamata il soprano francese Véronique Gens, considerata infatti anche una grande comédienne, perfetta per la parte, timbro un po’ brunito, grande espressività, dizione cristallina, acuti che sono veramente dei fendenti, capace di esprimere al meglio, con delicatezza e tante sfumature i sentimenti più intimi, come nel lamento che segue il suo abbandono da parte di Renaud, ma allo stesso tempo dal piglio autorevole della donna di potere sino all’espressione tonante della sua più furibonda ira. » Alma Torretta – Il Giornale della musica
« All critics seem to agree upon one thing at least: Véronique Gens is unsurpassable as Armide. A lionized expert of French baroque, she delivers the alexandrine verse to perfection while spinning her phrases on inexhaustible reserves of breath. Gluck’s setting of Philippe Quinault’s text (the same one set by Lully 90 years earlier) focuses on Armide’s inner conflict and gives her a powerful range of expressive means through declamation, sumptuous vocal lines, and accompanying orchestral colors. Gens uses these to highlight the psychological richness of her character, thus giving a profoundly touching interpretation. The first scene opens with the duo of Armide’s confidants, Phenice, French soprano Apolline Raï-Westphal, and Sidonie, Canadian soprano Florie Valiquette who sing the princess’s praises. Excellent in these roles and the others they interpret; their voices blend beautifully. Baur gives a lot of attention to staging these smaller scenes; thus, they are lively, well-paced, and essential to the drama. With her beautiful timbre, Valiquette is particularly seductive as the demon Mélisse. Later, Anaïk Morel makes a remarkable appearance as La Haine, clothed in strips of parchment with lettering in ancient alphabets tattooed on her skin. With her earthy tones, La Haine is more an early ancestor to Wagner’s Erda and an incarnation of truth rather than hate. Here, invoked by Armide, La Haine has the power to instill her with hatred instead of love toward Renaud, but Armide finally refuses, preferring the tortures of unrequited love. » Denis Wendel-Poray – Opera Canada
« Véronique Gens compose une Armide forte de ses pouvoirs magiques et faible face à l’amour qu’elle découvre. La soprano confirme l’aisance avec laquelle elle évolue, comme peu d’autres, dans ce répertoire et dans ce type de rôle, riche, complexe, émouvant. » Philippe Venturini – Les Echos
« Véronique Gens possède l’intelligence, la profonde musicalité et l’expérience pour incarner Armide. » Nicolas d’Estienne d’Orves – Transfuge
« La réussite de la soirée doit aussi au plateau vocal réuni, très bien distribué jusqu’au moindre second rôle, sans parler du rôle-titre confié à une superlative Véronique Gens […] épousant d’emblée un rôle qui semble avoir été écrit pour elle : la tessiture centrale de sa voix est constamment sollicitée, avec quelques rares incursions dans les extrêmes, lui permettant de nous régaler de son timbre velouté et de son émission articulée avec souplesse, toujours au service du sens […] la tragédienne impressionne en dernière partie pour figurer la femme brisée face à son amant intraitable. » Florent Coudeyrat – ClassiqueNews
« Et l’on pouvait compter sur Véronique Gens pour cocher toutes les cases d’une Armide d’exception, après ses trois enregistrements « Tragédiennes » qui ont connu un formidable succès critique (déjà sous la direction de Christophe Rousset, et dans lesquels elle interprète toutes les grandes héroïnes gluckistes). Sur scène, « La » Gens est Armide d’abord par sa présence scénique envoûtante, troublante et autoritaire. Vaincue enfin par les forces de l’amour et puis abandonnée (merveilleux récit « Le perfide Renaud » sur lequel tombe le rideau final), son Armide est à la fois l’héroïne de la mythologie et la femme aimante et bafouée dans une confusion de sentiments que l’actrice sait traduire à merveille. Et sa plus grande conquête n’est pas de séduire le plus preux des chevaliers, mais d’épouser le style de Gluck avec tant de justesse et de naturel, avec une voix qui sait déclamer le texte, tout en respectant les règles du chant, dans un souci constant de projection du timbre, et de nuances stylistiques. Avec cette nouvelle composition, Véronique Gens touche probablement l’un des sommets de sa carrière et s’ouvre de nouvelles portes pour certains choix futurs. » Emmanuel Andrieu – Opera Online
« Il y a dès l’apparition de Véronique Gens sur le plateau une évidence qui ne cessera de s’imposer au long des cinq actes d’Armide, tragédie lyrique de Gluck présentée à l’Opéra-Comique, à Paris. Longtemps espérée et attendue, la soprano française offre, en effet, à la scène pour la première fois ce personnage qu’elle n’a cessé d’apprivoiser, notamment avec le triple projet discographique Tragédiennes, élaboré pour Virgin Classics avec le chef d’orchestre Christophe Rousset, lequel est précisément à la manœuvre dans la fosse. Ce magnifique et complexe portrait de femme balaie le spectre des sentiments les plus extrêmes. Du sur-mesure pour la chaude voix subtilement moirée de Véronique Gens, qui combine avec souplesse naturel expressif (précieux attelage de force et de faiblesse), clarté prosodique et art souverain de la ligne. Si la soprano se révèle particulièrement dans l’élégie et l’abandon de soi, c’est en tragédienne, noble jusque dans sa retenue, qu’elle lancera les imprécations finales qui voient sa défaite. » Marie-Aude Roux – Le Monde
« Connue pour son art de la déclamation, la clarté de sa diction et l’amplitude de son registre, Véronique Gens était très attendue dans le rôle-titre, surtout après s’être illustrée avec autant d’éclat à Paris dans Alceste (avec Olivier Py) et Iphigénie en Tauride (mise en scène par l’iconoclaste Krysztof Warlikowski). […] Véronique Gens est heureusement là pour redresser la barre. Le chant est puissant, l’expression altière et le portrait habité avec fougue. Tout chez la soprano est concis, ordonné, exposé au fil des actes avec minutie, la tragédienne gardant pour le final ses plus belles imprécation après avoir subi l’affront du départ de Renaud. » François Lesueur – Wanderer
Véronique Gens déploie tout son art vocal et nous ensorcèle par la noblesse du phrasé, la prosodie d’une limpidité aux mille nuances, la palette d’émotions contenues. La soprano allie la grandeur d’une reine et la douleur d’une femme, brosse peu à peu un personnage qui est presque une Phèdre dans son monstrueux amour contre nature, inceste entre deux camps et deux religions. Les sortilèges sont accessoires, le charme aussi, Veronique Gens et Lilo Baur ont délibérément pris le parti de dépeindre la femme amoureuse, passionnée, puis délaissée. Le portrait de cette princesse réduite à mendier l’amour d’un rustre insensible, allant jusqu’à offrir à genoux de se sacrifier pour lui dans les combats s’avère d’une force et d’une sincérité poignantes. Vocalement, on reste pantois devant la projection fière (« Venez, venez Haine implacable ») capable de rivaliser avec un orchestre si présent, le timbre moiré tour à tour cuivré ou sensuel, la fulgurance des émotions (« Ah si la liberté me doit être ravie »), les nuances des ornements. » Viet-Linh Nguyen – Muse Baroque